Michel Letraveler, correspondant régulier du Monde du Camping-Car, nous raconte son voyage en Espagne entre Niebla et Tarifa (dans le sud du pays). Cet article est en fait la deuxième partie d’un récit de voyage qu’a mené Michel pendant plus d’un mois. Et c’est là, sur la courte côte atlantique d’Andalousie (près de Huelva) que Michel s’est ensablé, et qu’il a eu bien du mal à dégager son camping-car ! Texte et photos Michel Letraveler
Amis voyageurs me revoilou pour la suite de mes découvertes. Vous vous en souvenez, je viens de passer la nuit à Zafra sur un parking très impersonnel, mais avec tous les services et gratuit. Je reprends ma descente vers la mer et donc vers le sud.
Lire la permière partie du récit de Michel
Michel raconte son voyage en Espagne : la traversée du pays
En 1981, alors en attelage voiture et caravane et rentrant du Portugal, nous nous étions arrêtés pour la nuit dans un camping à El Rompido, au bord de la lagune. J’avais gardé un bon souvenir de cet endroit qui était très typique à l’époque et je souhaitais voir comment cet endroit avait évolué. Mais sur la route, j’arrive à une petite ville et juste avant, une station-service et comme mon réservoir criait un peu famine, j’y ai fait le plein.
Niebla
A peine 500 m plus loin, la route qui traverse la ville longe de grands remparts… Oh surprise, je ne m’attendais pas à voir un tel décor et comme vous me connaissez, curieux de nature et amateur de vieilles pierres, je fais demi-tour et me pose à leurs pieds. Aussitôt dit, aussitôt fait, je franchis une porte imposante et tout est en parfait état de conservation ou restauré en tous cas. Visiblement, un festival lyrique se prépare dans le magnifique décor qu’offre la forteresse. Je fais le tour des remparts et des différentes cours et pièces et le décor pour ce festival est déjà planté, scène, gradins sont en place. Hélas, les spectacles ne sont que pour le mois de septembre… Je n’ai donc aucune chance de pouvoir y assister, je dois me contenter des affiches publicitaires. Une fois sorti de la forteresse, je me lance dans les ruelles du village où je découvre de belles bâtisses, églises et demeures. Une belle surprise que m’offre ce décor inattendu.
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El Rompido… j’y arrive
Eh bien, d’El Rompido, je n’ai rien reconnu, c’est devenu une station balnéaire courue et populeuse de toute évidence et pas moyen de se garer pour profiter de la plage, quasi inaccessible avec mon véhicule, plus rien du petit village typique de mes souvenirs !
Punta Umbria : l’ensablement
Je décide donc de faire demi-tour et de longer la mer en quête d’un endroit où me poser, il fait un temps splendide et près de… 40°C au soleil. La route est excellente et je vois beaucoup de voitures garées sur le bas-côté droit en bord de la plage de “Playa de Bota”, mais pas assez de place pour y stationner mes 6,35m. Sur la gauche, le bas-côté est beaucoup plus large et il y a de la place. Une voiture est là, et je décide de la contourner pour me placer à sa droite, face à la route… Hélas, quelle idée j’ai eu car si le bas-côté était stabilisé et dur, ma roue avant droite est, elle, allée un peu trop loin et s’est plantée dans… le sable !
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Tout essayer… en vain
Ah, la galère, malgré tous mes efforts, cric, plaques de désensablement, rien n’y fit. J’ai donc appelé mon assistance… mais voilà que l’on me répond que ce dépannage n’est pas pris en charge par mon contrat, pas plus que l’embourbement. Ben ça alors, pas la peine dans ce cas d’avoir une assistance car pour moi, il s’agit tout simplement d’un remorquage. J’exprime ma surprise et je dis, comment dois-je faire ?, il m’a été répondu d’appeler le 112, ce que j’ai fait aussitôt. Coup de chance, ils avaient une personne parlant le français car mon espagnol n’est pas assez bon pour expliquer le pétrin dans lequel je me trouvais, mais que neni, ce monsieur me dit qu’il ne peut rien faire pour moi sauf à prévenir la police locale qui jugerait de l’opportunité des mesures à prendre, mais dans quel délai ? J’ai donc demandé que l’on me donne l’adresse d’un dépanneur. Non, il n’en a pas le droit ! Je dois me débrouiller seul en attendant la venue hypothétique de la police.
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Le prix du dépannage
Alors, j’ai cherché sur Internet un dépanneur… en fait, il faut chercher “Gruas” et j’ai trouvé à Huelva, c’est à 10km. La très aimable personne qui a répondu à mon appel m’a demandé si j’avais WhatsApp. “Seguro…” oui, bien sûr et heureusement, il m’a demandé de faire deux photos de ma position et de les lui envoyer afin qu’il puisse me localiser. Une fois ceci fait, il m’a envoyé un devis : 268€. Pas le choix, j’ai donné mon accord et 35mn après, j’ai vu arriver un camion plateau de remorquage avec un gars très sympa. A peine avait-il commencé à tirer mon camping-car, que la police arrivait. Des policiers également sympas. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, mon véhicule était sur le dur, je n’avais plus qu’à payer, mon dépanneur est équipé, terminal CB en main et facture acquittée, je pouvais repartir.
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Punta Umbria
J’ai décidé de “pousser” jusque là, c’est la fin de la route, après, c’est l’embouchure de l’Odiel et la mer. Mais, hélas, même musique qu’à El Rompido, station balnéaire importante et tous les parkings sont pleins et inadaptés à nos véhicules. Beaucoup de monde en tous cas et j’ai dû rebrousser chemin.
Je suis revenu à la Playa de Bota, car j’avais vu en passant qu’il y a un grand parking en terre battue et il y a plusieurs camping-cars. Presque toutes les voitures étaient parties et j’ai pu me garer, l’arrière de mon camping-car juste au bord de la petite dune qui me séparait de la plage, l’emplacement idéal. En fait, ce “parking” n’est pas tout à fait gratuit, en journée, il y a un “gorille”, c’est ainsi que l’on les appelle, ce sont des placiers non officiels mais tolérés qui vous aident à vous garer, ils sont très efficaces et vous leur donnez ce que vous voulez, il n’y a pas de tarif officiel, donc, 1 ou 2€ conviendra parfaitement. Moi, j’ai eu beaucoup de chance, quand je m’y suis garé, le “gorille” était parti et quand je suis parti, 4 jours après, il n’était pas encore arrivé… Ce qui fait que je n’ai rien payé. L’endroit était parfait, très tranquille la nuit, le jour il y avait environ 200 voitures garées bien comme il faut et la plage est sublime et pour ceux qui souhaitent boire un verre ou manger, vous avez le Chiringuito Der Matias à 100m.
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Je reprends la route
Au matin du cinquième jour, je prends la route pour Huelva pour faire quelques courses indispensables, il me faudra aussi vidanger mes eaux grises et faire le plein d’eau propre. J’ai vu sur mon application préférée qu’il y a une aire, en descendant vers Tarifa, elle est assez chère, mais pas trop le choix.
Matalascañas
Mon GPS programmé, il m’a fallu un bon moment pour arriver à bon port, car il m’a fait visiter toute la station balnéaire. Je dois préciser que les routes dans le sud et donc dans cette partie de l’Andalousie, sont loin d’être aussi bonnes que celles que j’ai fréquenté jusque-là.
J’arrive donc à l’aire indiquée, un grand portique y donne accès au bout d’une rue encombrée et donne sur un terrain très en pente. Il y a bien quelques camping-cars, mais je suis un peu dubitatif car cela ne ressemble en rien à ce que nous connaissons d’une aire. Mais, pas trop le choix, je m’y avance. Accueil très sympa, mais grosse déception, pas de possibilité de vidange. Je dois aller vidanger mes eaux usées dans la rue, sur une grille d’eau pluviale !
Chose faite, le monsieur qui m’a accueilli me présente un tuyau d’eau et je peux faire le plein, puis il me guide vers un “emplacement” très sommaire, je m’en accommoderai, pas le choix de toute façon. Tarif : 20€ la nuit… Cher, très cher compte tenu de la modestie de l’installation, très hétéroclite et original cet endroit. J’apprendrai par une Française qui est là et me servira d’interprète, que “le patron est quelque peu artiste, peintre, sculpteur à ses heures, quelques-unes de ses œuvres sont exposées près de la cabane qui sert de bureau”. Il y a tout de même un avantage indéniable, qui justifie (ou pas) le tarif : l’aire est en bord de la promenade et donne vue et accès sur une magnifique et grande plage. Je parle avec cette Française et elle m’apprend qu’il y en a une autre Française, une Bordelaise ! De fait, le soir, je suis convié à dîner avec elles par le proprio et son frère, celui qui m’a accueilli. La soirée sera très sympa.
El Rocio
Je quitte Matalascañas au matin et me dirige vers ce hameau très recommandé. En effet, j’ai presque l’impression de me trouver dans un village western au Mexique. Parking payant bien sûr, mais 2€, ce n’est pas méchant, et je pars à pied à la découverte des lieux. Je suis presque à une autre époque, des rues en terre battue, des bâtiments très typiques, tout de blanc vêtus, je suis bien dans un décor de film, Sergio Leone doit m’attendre au détour d’une rue… Il y a même des cavaliers qui se baladent dans les rues. En fait, ce lieu est très célèbre et couru car il y a une église, pardon, un sanctuaire, Notre Dame d’El Rocio, lieu de culte catholique vénéré. Le pourquoi, je le découvre en y pénétrant à mon tour.
Chef d’œuvre et décor de film
Une grande nef et tout au fond, un énorme retable en bois doré à la feuille, une véritable splendeur. Je suis en admiration devant un tel chef d’œuvre. Le village est situé juste au bord de marais, et il y a en plus des chevaux et de leurs cavaliers, les attelages, je serai tenté de dire “d’époque”. Je suis vraiment dans un décor de film, l’endroit est magnifique et je le conseille à vous tous, si vous passez dans cette région, surtout, allez-y, vous ne pourrez pas être déçus.
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Je poursuis mon voyage et me dirige vers Bollullos car en principe il y a une aire, et je voulais voir cette installation, mais hélas, elle était entièrement fermée et clôturée pour cause de travaux. Sur la route, je suis passé devant un magasin Carrefour, j’y retourne pour quelques courses et comme c’est l’heure, je m’installe sur le parking le temps de mon casse-croute.
Conil de la Frontera
Cette ville propose, selon une application collaborative bien connue, une aire, récente et bien équipée. Je m’y rends, par une petite route qui se termine en piste de terre, et j’arrive devant le portail. Une pancarte m’invite à appeler un numéro de téléphone, en réponse, on me dit : “j’arrive”. Et de fait, 3 minutes après, je vois un homme affable arriver à scooter. « Sésame, ouvre-toi » et le portail s’ouvre et… j’entre. Il y a déjà du monde ici, l’installation est sympa, il y a tout, enfin presque, je le saurai le lendemain au moment de partir. Les emplacements sont spacieux, on peut y déployer le store si vous devez y séjourner quelques jours.
Aire d’accueil de Conil de la Frontera
Branchements électriques, vidanges eaux grise et noire, éviers pour la vaisselle, toilettes et douche. Le tarif va de 12 à 15€ selon la saison, l’électricité est en plus à 5€. Ce que j’apprendrai le lendemain matin en faisant les vidanges, c’est qu’il n’y a pas possibilité de faire le plein d’eau propre, car ici, l’eau n’est pas potable, et pour les amateurs d’ombre, pas un arbre, pardon, si, il y en a un, mais il ne sert qu’au décor…
Mon avis
Je terminerai par mon avis personnel, l’aire est très accueillante et bien équipée malgré tout, c’est calme, mais petit inconvénient supplémentaire, nous sommes à 20 minutes à pied environ de la plage… Je ne saurai vous dire comment elle est, je ne m’y suis pas aventuré.
Tarifa
Voilà une ville que je connais assez bien pour y être venu déjà deux fois au moins. Typique, dans le style arabo-andalou, elle a gardé tout son charme même si autour, la ville moderne s’est implantée. Elle a aussi sa forteresse qui domine le port où vont et viennent les ferrys qui vous transportent jusqu’à Tanger. Le Maroc est là, juste en face, à 14km.
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Mais le plus gros inconvénient et pas des moindres, pour moi et sans doute pour d’autres, c’est que c’est le pays du vent, du grand vent, pas surprenant que ce soit une des capitales du surf et de la planche à voile. D’ailleurs, le vent ce jour-là, était particulièrement fort que j’ai eu du mal à faire quelques photos dans la campagne. Je m’y suis aventuré un instant, juste le temps de voir qu’il y a beaucoup de camping-cars stationnés dans les rues, il y a une aire près du centre et deux stations essence qui permettent certains services. Décidément, trop de vent pour moi, je reprends la route en quête d’un coin moins venteux. D’ailleurs, ne vous y trompez pas, dans la région il y a foultitude d’éoliennes et elles n’ont aucune peine à tourner… Et je commence ma remontée de la côte, je quitte l’Atlantique pour la Méditerranée.
A bientôt pour la suite.
Michel Letraveler
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